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samedi 24 juin 2017

Emmanuel Macron, supernova ?

Gustin Saintaud

Macron Emmanuel, génial initiateur d’ « En Marche » peut passer pour un phénomène, du genre esprit visionnaire, qui sait générer un étonnant nouvel univers politique.

Il apparaît, tout d’un coup, tout auréolé d’une insolente jeunesse ; et, malgré des origines opaques, immédiatement, une foule improbable se lève à ces côtés, le suit et le révère. A son avènement, on le prend pour une étoile filante ordinaire permettant des vœux impossibles en temps obscurs ; c’est en fait une éclatante comète qui s’installe au firmament d’une vie publique bouleversée quand il est brillamment élu Président.
Il semble enclin à vite chasser les grotesques vieux marchands du temple sacré des démocrates ; il en ménage néanmoins certains utiles parmi eux : à son contact merveilleux, ces lions-là doivent se muer en doux agneaux pour côtoyer celui qui prétend multiplier les pains de la suffisance ; tous ces vieux squales aux dents dures et longues se pressent pour tenir les plis de la toge du promu qui marche désormais sur leurs ondes troubles. Quel est donc l’étrange pouvoir de cet esprit qui les réduit en acolytes compassés ?
Ce nouveau messie auto-signifié dissimule une christique humilité en restant peu visible, mais omni-présent, se prétendant omni-potent : il se veut insolemment divin pour le “vulgum pecus”, et de la plus haute autorité jupitérienne , quand il prétend ouvrir les temps nouveaux de la consécration d’un règne céleste sans partage ; mais il maintient que cette allure hautement païenne, c’est, avec lui, la parousie chrétienne dont rien ni personne ne doit douter.
Réjouissez-vous crédules éperdus, vous croyez béatement ses projections édéniques, vous attendez, dans la liesse, son monde meilleur et ses temps bienheureux pour l’immédiat ! Rêvez-vous donc extraits à jamais de vos noirs cauchemars, le prince de vos fantasmes vous guide maintenant vers une radieuse aurore ! Vous le voyez déjà pourfendre et défaire tous les monstres affreux de la Ténèbre ; il est à lui tout seul, Jésus et Apollon, l’archange Michel et Héraclès, Saint-Georges et tous les héros et saints destructeurs de dragons, drakes, vouires, tarasques, …. ; et vous chantez sans plus attendre ses prouesses à venir de libérateur, et les louanges de sa rayonnante apothéose !

Certainement, une nouvelle religion monothéiste est née en Gaule, en ce vingt-et unième siècle

Il y eut annonciation, il y eut révélation avant fulgurante ascension, puis installation en majesté, et adoration ; il suffit uniquement d’y croire, peut-être cela nécessitera d’imposer cette nouvelle foi et ainsi contraindre tous les rétifs agnostiques en metuentes bien encadrés !!! N’est-il point que ce genre de croyance partagée déplace les montagnes, joue facilement des miracles, jusqu’à faire prendre vessies pour lanternes ? !!!
L’éphèbe Emmanuel à la gueule d’ange toute lisse, si nette, n’a pourtant rien de surhumain ; voilà tout simplement un surdoué aux allures de mutant. Et cet être pas tout à fait accompli, atrocement miné d’ambition, joue de son verbe clair, légèrement chuintant, comme si ses paroles sublimes s’étaient faites chair. Il se pense irrésistible depuis que, tout gamin, il hypnotisa une gironde mamie pour combler une présence maternelle déficitaire. Cette fée mûre pleine de gratitude amoureuse ne cesse dès lors, de le bader et de le couver en mère poule possessive. Depuis, tout semble permis et même promis au prodige ; il use et abuse d’une espèce de charme primesautier avec un regard quelque peu distant, comme vide et désintéressé, au-dessus d’un facile et très avenant sourire plein de petites dents acérées, légèrement écartées, révélatrices d’un appétit de jeune loup à peine cruel.
Si le bougre est assez gâté par dame Nature intellectuellement et physiquement, tous ses dons ne peuvent taire une culture personnelle sophistiquée d’avide prédateur aux appétits bien insondables. L’ensemble contenant-contenu séduit facilement les séductibles, surtout dans un contexte précisément dépressif qui les projette, en hâte, dans les bras accueillants d’un communiquant si charmeur. Cela rappelle le frêle passereau fasciné par le regard du cobra royal, tout prêt à se laisser docilement happer.

Nouveau Jésus ou Satan « relooké »?

Voilà toute la question qui commence de s’imposer depuis le trône Elyséen où a été déposé le prince charmant de ce conte moderne, merveilleux mais éventuellement périlleux. Un porteur concours de circonstances a favorisé ce couronnement républicano-démocratique : la communauté des croyants démocrates suffoquait ; elle devait définitivement dégueler la pelote épaisse de tous les profiteurs qui l’étouffait depuis longtemps ; et , dans le courant d’une eau bien turpide, elle se rua pour gober la nymphe d’un insecte aquatique qui tourbillonnait à contre-courant.

Les pêcheurs à la mouche espéreront que Macron Emmanuel n’est que larve d’éphémère.

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