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mercredi 24 décembre 2008


Chaînes publiques

Philippe Delbauvre



Je ne sais qui de Tf1 ou de France2 est publique ou privée. La première probablement. A moins que ce ne soit l'autre (1). Après vérification, il semblerait qu'elles sont sœurs. Jumelles. Le débat public/privé me semble donc ridicule.

On s'accorde à reconnaître que la télévision est nulle. C'est pourtant l'institution la plus démocratique qui soit puisqu'elle fonctionne à l'audimat qui n'est autre que le sacro-saint suffrage universel exprimé à chaque seconde. On peut donc affirmer que si la télévision est nulle, c'est parce que la majorité des téléspectateurs l'est aussi. Je voulais le spécifier. Voilà qui est fait.

Que Tf1 décide de snober la messe de minuit est logique. Au même titre que les entreprises délocalisent pour avoir davantage de profit, une chaîne télévisuelle ne cautionne une émission que si celle ci attire du monde, donc des recettes. Or, la messe est ennuyeuse puisqu'on ne s'y amuse pas. Voilà qui explique son remplacement par un bêtisier des plus racoleurs. Programme démocratique par excellence.

Je me suis beaucoup amusé en entendant les mérites de la laïcité positive énoncée par notre président. Pas tant en raison de la monstruosité oxymorique qui se suffisait à elle même, mais plutôt suite au satisfecit des catholiques militants stupidement naïfs. Il a fallu que le marché et les superpuissances financières imposent le travail dominical pour que le gouvernement nous explique que le Catholicisme est en France une religion comme les autres et n'a ainsi pas à bénéficier d'un jour particulier au sein de la semaine. En clair, le Catholicisme s'arrête là où commence le marché. Qu'on se le dise.

Chacun sait dans la mouvance que les media sont tenus par le Système et que les émissions, même de libre opinion (surtout celles là d'ailleurs), ne sont autres que 'la voix de son maître'. Il eut été facile pour le gouvernement de maintenir cette messe puisqu'elle existait déjà. Personne n'y aurait trouvé à redire. Ce n'est donc pas d'un naufrage dont il s'agit, mais bien d'un sabotage.

Le Catholicisme, parce qu'il consiste pratiquement à mettre le moi entre parenthèses, est résolument anticapitaliste. Qu'a écrit Saint Paul au sujet du travail ? Que pense le catholique authentique de la réussite personnelle dans le monde profane ? A l'évidence, presque personne ne sait, à commencer par les catholiques eux mêmes.

La messe est sacrée avant d'être catholique. 'Le désenchantement du monde'(2), c'est à dire le triomphe, que j'espère transitoire, du matérialisme, est à l'œuvre. L'église lorsqu'elle est ouverte, l'est à tous. Y compris à ceux qui n'ont pas la foi en y entrant. Une fois à l'intérieur, on est passé du monde où l'homme s'est fait Dieu à celui de la plénitude où Dieu s'est fait homme.

Parce que notre combat suppose une bonne part de foi, parce que l'on veut nous priver de l'Eglise, contre le matérialiste capitaliste digne successeur du matérialisme communiste, rendons nous à la messe de minuit.

notes


1 - Un grand merci à Henri Krasucki pour ses conseils en matière de syntaxe.
2 - Le désenchantement du monde de Marcel Gauchet (disponible en folio)